Le SII touche entre 5% et 10% de la population adulte, le plus souvent des femmes, et débute généralement avant 50 ans. C’est une maladie digestive bénigne mais responsable d’une gêne clinique importante pour les patients atteints, qui fait partie des « désordres des interactions de l’axe cerveau-intestin ». Cette atteinte est chronique, invalidante, les symptômes reviennent souvent et durent dans le temps.
Le syndrome de l’intestin irritable est un diagnostic clinique, basé sur les critères de Rome IV, associant des douleurs abdominales survenant au moins un jour par semaine depuis au moins 6 mois, et une relation entre douleur et défécation (soulagement ou aggravation des douleurs abdominales liées à la défécation), une modification de la fréquence et/ou de la consistance des selles. L’inconfort digestif, le météorisme intestinal, la présence de ballonnements sont souvent associés, mais ne font pas partie de la définition du SII. La présence de comorbité associée au SII (fibromyalgie, dyspareunie, migraines..) est fréquente. On distingue différentes formes : des formes à diarrhée prédominante, à constipation prédominante, mixte avec alternance des deux, et des formes sans véritable trouble du transit. Les patients n’ont en général pas de symptôme nocturne, ne perdent pas de poids, n’ont pas de carence vitaminique ou en oligoéléments, et n’ont pas de rectorragie. L’iléocoloscopie, recommandée après 45 ans, est normale, ainsi que les marqueurs sérologiques de la maladie cœliaque. Dans la pratique, les patients atteints n’ont pas des symptômes majeurs. Mais le ressentit est important et peut être très invalidant. Les patients décrivent des altérations importantes de leur vie, de leurs sorties, de leurs interactions.
Les mécanismes du syndrome de l’intestin irritable
Les causes du syndrome de l’intestin irritable ne sont pas connues. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ce syndrome, telles que des troubles de la motricité de l’intestin grêle et du côlon (accélération ou ralentissement du transit), une augmentation de la perméabilité intestinale, un déséquilibre du microbiote intestinal (dysbiose), des mécanismes centraux (stress, anxiété, dépression, un événement de vie douloureux), une hypersensibilité intestinale, ou encore des anomalies des mécanismes de contrôle de la douleur viscérale, une malabsorption des sels biliaires.
Les examens
Pour mettre en évidence un syndrome de l’intestin irritable, il faut avant tout éliminer toutes les autres pathologies qui peuvent provoquer les mêmes types de symptômes (cancer du colorectal, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn ou RCH), la maladie cœliaque). Ainsi, le dosage des anticorps de la maladie cœliaque, une prise de sang standard (dosage de la CRP notamment), dosage de la calprotectine fécale en cas de forme diarrhéique, et une coloscopie après 45 ans, sont recommandés avant de confirmer le syndrome de l’intestin irritable. Il n’est pas recommandé de pratiquer un examen des selles pour recherche de pathogènes (examen parasitologique des selles ou coprocultures) ni de tester des allergies alimentaires.
Les traitements
Dans ce syndrome de l’intestin irritable, les traitements antispasmodiques non anticholinergiques sont souvent proposés en première ligne (pour diminuer les douleurs abdominales), même si le niveau de preuve est parfois faible, ainsi que des ralentisseurs du transit ou chélateurs des acides biliaires (chez les patients ayant plutôt une forme à diarrhée prédominante), ou des laxatifs (chez les patients ayant plutôt un tableau de constipation). La menthe poivrée à forme gastro-résistante a également montré son efficacité sur les symptômes douloureux.